GOOD
BYE LENIN
Enfant je jouais parfois à être un cosaque.
D’autre fois je m’imaginais Komsomol ou cosmonaute.
L’enfance a passé comme ça :
les guerres du Tsar
dans un patio sans neige ni bouleaux,
sans steppes ni villages incendiés.
Parfois j’étais Kasparov ou l’ourson Misha
et je recréais des histoires d’amour dans le
transsibérien.
La voix du père racontait les matriochkas et les samovars
le mausolée de Lénine sous une lumière ultraviolette
les monuments à Pouchkine et à Maxime Gorki
et les nuits blanches de Leningrad.
C’était l’été de 1985
et sur les ondes courtes on parlait de la perestroïka.
Le chœur de l’armée rouge était remplacé pas des chansons
de U2
les récits de pionniers par un incendie à Tchernobyl.
Et dans ma chambre les cosaques ne sont pas revenus,
ni les komsomols, ni les cosmonautes
cette nuit où ma mère m’a souhaité bonne nuit
à voix basse pour ne pas réveiller toute la maison
tandis qu’elle éteignait pour toujours
la dernière lumière de mon enfance.
GOOD BYE LENIN
De niño algunas veces jugaba a ser cosaco.
Otras veces retozaba como Komsomol o
cosmonauta.
Así transcurrió la infancia:
guerras del Zar
en un patio sin nieve ni abedules,
ni estepas ni pueblos incendiados.
A veces era Kasparov o el osito Misha
y recreaba historias de amor en el
transiberiano.
La voz del padre daba cuenta de Matrioskas y
samovares
y del mausoleo de Lenin bajo una luz ultravioleta
de los monumentos a Puskhin y Máximo Gorki
y de las noches blancas de Leningrado.
Era el verano de 1985
y por onda corta hablaron de la perestroika.
Cambiaron los coros del ejército rojo por
canciones de U2
relatos de pioneros por un incendio en
Chernobil.
Y no volvieron los cosacos, ni los komsomoles,
ni los cosmonautas a mi cuarto
en aquella noche en que mi madre me daba las
buenas noches
en voz baja para no despertar a toda la casa
mientras apagaba para siempre
la última luz de mi infancia.
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PÂTISSERIE
METROPOL
Je viens sans langue depuis ma
solitude
Luis
García Montero
Je regarde dans la vitrine
le reflet de mon corps
sur le verre
et je me trouve gros, épuisé, sur ces gâteaux à la
vanille.
Et je pense aux amis que je n’ai pas revus
et que savaient-ils de ce cœur périmé
où ne tient plus un seul centimètre du monde ?
Et quand tu ne te reconnais plus dans les pas de ton
fils, ni dans
le miroir
le miroir
fatigué d’esquiver de mauvais présages
en voyant de loin la splendeur des pertes
l’indéchiffrable et l’inconnu.
Je me tais: mon silence atteint ce corps que je ne
comprends pas,
je récure mon cœur de son dernier incendie.
Et je me sens toujours étranger sur cette vitre,
gros et fatigué
et derrière moi
des ombres, des gestes de grands-pères et d’oncles morts
sur des gâteaux à la vanille.
PASTELERÍA METROPOL
Yo vengo sin idiomas desde mi soledad
Luis García Montero
Miro
en la vitrina
el
reflejo de mi cuerpo
sobre
el vidrio
y
me veo gordo, cansado, sobre aquellos pasteles de vainilla.
Y
pienso en los amigos que no volví a ver
¿y
qué sabían ellos de este corazón caduco
donde
no cabe ni un centímetro del mundo?
Y
cuando no te reconoces en los pasos del hijo, ni en el espejo
harto
de esquivar malos presagios
viendo
de lejos el esplendor de las pérdidas
lo
indescifrable y lo desconocido.
Callo:
mi silencio alcanza ese cuerpo que no entiendo,
desmancho
mi corazón de su último incendio.
Y
sigo extranjero en ese vidrio,
gordo
y cansado
y
atrás de mí
algunas
sombras, gestos de abuelos y tíos muertos
sobre
los pasteles de vainilla.